L'ile de La Réunion émerge de l'océan indien voici environ trois millions d'années. Né à 4000 m de profondeur d'un point chaud volcanique, cet énorme volcan sous marin sort de l'eau sous la forme de coulées (1) de lave très liquides, appelées coulées pahoehoe (ou laves cordées).

Années après années, le cône volcanique grandit, s'élève et l'île prend forme. Les premières plages de sable noir, mélangé aux cristaux verts d’olivine, se forment. Trois volcans vont bâtir notre île, le Piton des Neiges, auquel va s'ajouter le volcan des Alizés (il y a 2 millions d'années), recouvert ensuite par le Piton de La Fournaise (il y a 500000 ans).


Vents, courants marins ou oiseaux apportent sur les coulées refroidies les premières graines végétales (2), formant les lichens et les mousses (3) qui vont recouvrir le basalte noir. Leur décomposition donne naissance aux premiers sols, dans les fissures des coulées, sur lesquels s'installent les premières fougères (3), puis les premiers arbustes. Ce sont des espèces indigènes, dites pionnières et héliophiles, c'est a dire adaptées au plein soleil.

La formation des sols se poursuit lentement, toujours par la décomposition des végétaux et l'altération des coulées de lave. De nouvelles espèces s'installent. Peu à peu les premières forêts apparaissent, et vont progressivement recouvrir toute l'île. Côte au vent (Est), côte sous le vent (Ouest), relief, précipitations, tous ces paramètres vont déterminer la mise en place de différents types de forêts, avec un étagement de la végétation : des forêts de bois de couleur des bas (4) aux forêts d'altitude , puis jusqu'à la végétation altimontaine (5), les espèces se multiplient.


Certaines vont se transformer, afin de mieux s'adapter aux conditions naturelles locales, et devenir ainsi des espèces endémiques (6). Le même phénomène va se produire pour les espèces animales, ayant atteint par hasard cette nouvelle île dans l'océan indien.


Parallèlement aux forces de construction, c'est à dire les éruptions (formant des pitons) (7), et leurs coulées (formant les planèzes), les forces de destruction s'activent aussi : l'érosion commence. Les pluies torrentielles apportées par les cyclones creusent les premières ravines (10). De gigantesques effondrements vont façonner les paysages, créant cirques, remparts ou caldeiras (8-9). La pluie et les ravines se chargent de rouler jusqu’à l’océan toutes les roches effondrées (les brèches), qui deviennnent ainsi de beaux galets arrondis (11). Sur le littoral ouest, aux conditions naturelles plus favorables, un petit lagon (12) se met en place dans les eaux chaudes tropicales.


Lorsque l'homme s'installe sur l'île (13) à partir de 1663, dans la région de Saint Paul, il découvre une terre sauvage couverte de forêts et peuplée de nombreuses espèces animales aujourd'hui disparues. Les milieux naturels seront profondément modifiés par les activités humaines. Dans les bas, presque toutes les forêts disparaissent pour laisser place aux grandes plantations (café, canne à sucre) (15) . Dans les hauts, culture de géranium et élevage entraînent aussi une importante déforestation. Esclaves, puis engagés, fournissent la principale main d'oeuvre de cette nouvelle transformation des paysages. Progressivement, les premiers ilets (14) deviennent de petites villes, voire une agglomération (19) comme à Saint Denis.

Mais l'homme n'arrive pas seul. Il apporte avec lui au fil du temps un grand nombre d'espèces exotiques, végétales ou animales (16), destinées à améliorer son quotidien. On les retrouve dans les jardins créoles (18). Certaines d'entre elles s'adaptent si bien sur l'île, en l'absence de prédateur ou de concurrence, qu'elles deviennent envahissantes (17). A tel point qu'aujourd'hui certaines sont une menace pour la biodiversité locale (vigne maronne, rats...).

Malgré toutes ces transformations, il reste une proportion très élevée d'espaces naturels préservés à La Réunion : plus de 30% du territoire, maintenant protégé par un Parc national depuis 2007, et classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2010.

La Réunion du 21e siècle (20) doit donc faire face à un défi important : faire vivre un million d'habitants d'ici 2030, dans les meilleures conditions sociales et environnementales possibles. Et cela sur une petite île, qui ne s'agrandit plus aussi vite que par le passé (heureusement pour nous...).


(1,2,3....) = Photomontage et textes associés dans le livre